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Xinjiang (Chine), août 2009, une région tourmentée après les émeutes entre les autorités chinoises et une population ouïghoure exaspérée d'être pillée de ses droits, d'être humiliée, d'être harcelée.

           

            Au moment où on avait réservés nos billets d’avion, quelques mois plus tôt, c’est le désir de suivre les traces de Marco Polo qui nous mus. J’allais enfin confronter mon imaginaire de la route de la soie à la réalité ! On n’avait pas planifiés la révolte ouïghoure et la répression violente du gouvernent chinois qui allait s’ensuivre.

 

            On arrive à Kasghar, l'atmosphère est tendue : de jeunes militaires chinois, à peine sortis de l'adolescence, clones de GI Joe, sont postés à tous les coins de  rue ; d’autres attendent, indolents, dans des camions grillagés, leurs armes posées nonchalamment sur leurs genoux. La presse la plus récente date du mois de juin, les lignes téléphoniques et internet sont « momentanément » inaccessibles, les cafés internet se transforment alors pour l'occasion en épiceries ou « taxi service ». Et parce qu’un peu de propagande ne fait jamais de mal, les camions militaires arpentent les rues en vociférant des slogans par leur haut-parleurs : « La Chine aime toutes ses ethnies ». J’en ris, surtout quand on pense que les visages des soi-disant responsables des émeutes sont placardés sur tous les murs. Le Xinjiang est mis en quarantaine le temps de rétablir l’ordre, du moins celui exigé par le gouvernement central.

           

            Mais qu'est-ce que je fous là ? Je me la suis souvent répétée,  cette question. Mes compagnons de voyages sont bien plus épicuriens que moi : on est là, on en profite, bordel ! Les paysages sont pas magnifiques, hein ? Oui, bien sûr, mais quand même…qu’est-ce que je fous là ?

           

            Je ne sais pas. Mais les Ouïghours que j'ai croisés le long de mon périple m'ont apaisée. Je les ai photographiés parce que je les ai aimés, parce que leur beauté humaniste m'a donné force et foi à un moment où je me sentais perdue.

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